PORTUGAL
MARCHER LE SUD DE L'EUROPE
Janvier 2023
Cabo de São Vicente, sur la pointe sud-ouest du Portugal, est le point de départ de deux sentiers européens. Avec le E3, on peut rejoindre Istanbul en passant par la Bulgarie, la République Tchèque et le Luxembourg. Le E9, quant à lui, longe la côte ouest de l’Europe jusqu’à la frontière entre l’Estonie et la Russie. Ils représentent respectivement 6950 et 5000 km. C’est tout droit, et un coin de ma tête l’envisage, mais j’ai peur de manquer de temps avant mes prochaines obligations professionnelles; alors je vais viser moins haut, et on sait jamais où nos pas vont nous mener. Je vise Santiago de Cacém, en 12 jours. Une portion se sépare en deux chemins: le sentier des pêcheurs par la côte et le chemin historique par les terres. En partant de Sagres, la ville la plus proche de Cabo de São Vicente desservie par les transports publics, j’alterne entre les deux sentiers, selon mon humeur et la météo.
Le point fort du chemin des pêcheurs est l’atmosphère colorée et saisissante des falaises de l’Algarve. Le son des vagues qui fouettent la verticalité du continent nous ancre dans le moment présent, empêche l’esprit de vagabonder, de peur de se faire surprendre. Le ciel nuageux se confond parfois avec les émanations aqueuses du ressac. La signalisation me fait tantôt longer l'arête de l’Europe, tantôt descendre sur la plage et ses grottes creusées par une marée puissante qui se déplace très vite. Des bains de pieds sont à la fois doux sur la peau à qui j’en demande beaucoup encore une fois, et vivifiants dans ce va-et-vient aquatique et sableux.
Les surfeurs ont visiblement du gros fun. C’est la saison des grosses houles et du vanlife. Les chasseurs de vagues en néoprène observent la grammaire de l’eau depuis les galets. Ils interrogent l’horizon de cet air énigmatique de l’homme (ou femme) aquatique qui veut se sentir un peu dauphin dans ce monde où l’air et l’eau se confrontent, bien que partageant les mêmes molécules. Ils s'étirent tout aussi poétiquement, puis se lancent vers leur destinée ondulée.
Le chemin historique est plus sobre. Il ne mise pas sur des artifices comme des vagues explosives ou la lutte des couleurs froides de l’eau contre les chaudes des falaises, mais plutôt sur la douceur du vert de ses prairies, ses arbres élégants et ses ruines qui vous font revivre un peu l’histoire de la région. Le Portugal est réputé pour ses chênes-lièges, ce bois qui sert à fermer les bouteilles de champagne, et aux diverses cartes postales, sacs et objets flottants des boutiques des rues achalandés par les visiteurs ébahis. Ces arbres magnifiques, numérotés selon un échéancier de récolte, exhibent leur manteau épais mais délicat comme des chanteuses d’opéra. Les vaches, elles, forment les chœurs.
Elles me regardent, on joue à 1,2,3 soleil, mais elles ne bougent pas d’un sabot. On travaille encore notre communication. En dehors de quelques beuglements, bêlements, et je ne sais pas comment s’appelle le ronronnement des sangliers, la campagne vit dans un vrai beau silence qui fait du bien. Il règne encore quand j’explore les diverses ruines rencontrées sur le sentier. Ce ne sont pas des squelettes en briques de palais, mais des usines ancestrales et des maisons dont le temps a défait de ses toits (à croire que c’est toujours le premier élément à partir), et dont la végétation a pris le contrôle comme une décoratrice d’intérieur qui a sa vision. Les rumeurs parlent de hordes de chauves-souris ayant pris possession du royaume, mais je ne les croise pas. J’essaie plutôt d’imaginer la pièce sans l’arbre qui pousse près de la cheminée, sans les feuilles d’eucalyptus dans l'entrée, ni les oiseaux dans la salle de bain. Des artistes d’un autre genre sont aussi passés par là. Mais au lieu des sempiternels messages de mécontentement anarchiste et de dessins d'adolescents qui découvrent leur corps, les murs sont soutenus de dessins colorés et poétiques. Je ne peux certes pas traduire les mots avec mon portuguais plus que rudimentaire, mais la calligraphie laisse vagabonder l’esprit vers l’optimisme.
Le plaisir de la randonnée va de paire avec celui un peu bizarre d’être sale et inconfortable. La pluie colle les vêtements à la peau, la boue colore les jambes, la goutte de pluie froide qui tombe dans le cou et longe les omoplates, les pauses assises dans des bobettes humides, les vêtements qui ne suivent plus aisément les mouvements des articulations, la sueur qui se mêle à la poussière, les ongles qui deviennent noirs et dont le sandwich se méfie, les nuits alitée sur divers supports, les repas faits d’une poignée de noix, d’un fruit trouvé quelque part, d’un bout de fromage, d’un croûton de pain et d’un biscuit complètement décomposé, les douleurs de bretelles de sac à dos, l’odeur générale…
Le sud du Portugal est pluvieux en janvier. Ça fait partie du charme comme on dit. Un début de journée est particulièrement désarmant. Le ciel est stable, mais les dernières tombées de sueur de nuages ont rendu la terre flasque. Le chemin n’est pas clair, mes souliers sont alourdis de boue, mes pieds moites. Des cloches d’églises au loin sonnent le glas de ma motivation. C’est ce que mes pensées romanesques me racontent quand je sors du boisée pour arriver sur une petite route qui entre dans le village de Sāo Teotonio. Je me range sur le côté pour laisser passer une procession. Les cloches n’étaient pas le symbole de la vie qui tourne autour de ma petite personne (5’3”), mais de cette autre personne étendue, accompagnée de tout un village têtes baissées, qui marche d'un pas lent , lourd d'anecdotes et de moments partagés. Un homme me fait signe de les suivre, mais je décline poliment.
Une autre rencontre me laisse perplexe; la signalisation colorée du sentier s'engouffre dans un chemin qui quitte la route pour descendre à travers un espace boisé en pente descendante. Des chasseurs, en veste camouflage et casquette orange, me regardent comme le cousin trop saoul qu’on a été obligé d’inviter et qui va faire fuir les animaux. Heureusement, le chemin est assez large et visible. Je croise une bonne dizaine de ces amateurs de la vie animale, fusils pointés vers la broussaille en contrebas, regard en coin vers cette bizarre qui marche sur leurs platebandes. Est-ce qu’un lion s’est échappé du zoo? Est-ce la saison de la chasse au poney sauvage (oui ça existe) ? Je trouve nulle mention de cet événement qui reste un mystère.
Le sentier et moi, on se parle beaucoup. Il me fait découvrir des choses, et j’aide à perpétuer sa mémoire, donnant donnant. La communication étant la clé de toute bonne relation, il m’éclaire régulièrement sur la direction à prendre, et je le préviens quand je fais un écart pour aller voir quelque chose qui m’a attiré l'œil. Je ne veux pas qu’il se sente abandonné, ni qu’il me juge dans ma capacité assez prononcée à me perdre. Le sentier est en général bien indiqué, mais ça ne m’empêche pas de me tromper parfois, à l’occasion par manque de signalisation, mais surtout parce que je suis moi. Sur un plateau en haut d’une falaise, je dépasse un campervan dont l’habitant est absorbé par la lecture de son livre, assis confortablement dans sa chaise pliante qui peut très bien avoir été récupérée sur un trottoir et rafistolée avec un bout de duct tape. Je me dis qu’il doit voir de beaux couchers de soleil. Le chemin continue vers un sentier à-pic vers le niveau de la mer, avant d’entamer une remontée bien raide qui me rappelle que moi et mon corps sortons de la période des fêtes fastes en nourriture et positions assises. Puis, plus de chemin. En y repensant, ça fait un moment que je n’ai pas vu de panneau coloré. Je reviens en arrière, descend puis remonte sur ces pentes de la rédemption, jusqu’au campervan où je vois un gros X dans la direction que je viens d’emprunter. Je contourne le club de lecture qui ne s’aperçoit pas de mon chemin de la honte, et poursuis sur le bon sentier, beaucoup plus doux.
Je fais peu, mais de belles rencontres en chemin (en dehors des chasseurs). Sur la plage d’Amado, je croise un anglais de Birmingham. Pour dire que j’ai du mal à comprendre ce qu’il me raconte. Son sac à dos est cousu de patchs racontant tous ses trails. Il est en autonomie complète, un vrai de vrai, et se prend une pause au soleil, les pieds dans le sable. Il fait le sentier dans le sens inverse du mien. En se quittant, on remonte chacun un côté de la falaise, vérifiant régulièrement que l’autre est correct.
Un autre jour, c'est une allemande en sens contraire qui m’interpelle. Est-ce que je me dirige vers Vale Seco? Oui. Quelle auberge? Casinhas da Aldeia? Oui, les choix sont très limités en cette saison, mais j’ai rarement été autre que charmée par les places disponibles. Elle est partie sans payer ce matin par inadvertance, et me demande si ça me dérange de donner sa part à la propriétaire. Quand je lui promets de ne pas garder l’argent pour moi, je vois dans ses yeux qu’elle réalise soudain qu'elle vient de donner deux beaux billets à une étrangère. Elle en est à son deuxième jour de marche, moi à mon onzième et avant-dernier. Elle a un mini sac que je jalouse. Je lui parle de mes coups de cœur pour ses prochains jours, et on se quitte en se souhaitant bonne route.
Un des plaisirs de cette expérience est de passer des après-midi dans des villages portugais. La saison morte met au défi de trouver un logement et de quoi manger dans ce pays au repos hivernal, mais c’est le prix à payer pour être hors saison touristique. En arrivant dans les auberges, je prends quelques minutes pour m’asseoir et étudier le plan du village, et je ressors assez vite. Principalement parce que le soleil tombe tôt en hiver, mais aussi parce que c’est étrangement plus relaxant en fin de journée de marcher sans sac sur le dos que de s’assoir de but en blanc. Les villages sont souvent construits sur des collines, en général avec une ancien fort maure qui surplombe la vallée. Aljezur, entre autres, est un incroyable dédale de ruelles qui zigzaguent en trois dimensions, agrémentées de fleurs colorées et odorantes et de céramiques de toutes beautés. Le Portugal est renommé, et à raison, pour ses décorations de carrelage. Ils sont partout, sur toutes sortes de façades, tantôt abstraits, tantôt racontant une histoire. Ce pays a le sens du design, des coups de crayons qui expriment tant d'émotions différentes.
Les auberges sont si jolies. Les salles de bain, en plus de fournir la douche salutaire après un effort salissant, sont carrelées de couleurs douces et bien agencées. Les fenêtres sont bordées de plantes grimpantes, les salles à manger d’un mobilier de brocante de luxe. Un peu passé Sao Teotõnio,je m’arrête dans un oasis caché en forêt, l’Amor de Ciançia. J’ai ma propre cabane, et quelques vivres apportés par mes hôtes qui se préoccupent de mon état de marcheuse à l’accès limité aux épiceries. Je passe l’après-midi sur ma terrasse, au soleil, pendant que ma lessive de fortune sèche. Je lis un livre de Karen Blixen, au chapitre où elle parle d’une chasse aux lions au Kenya, pendant qu’un long argument de moutons se fait entendre dans le champ d’à côté. Ces bêtes charnues savent mettre l'ambiance.
L’aliment qui est le centre de ma vie de végétarienne durant ce voyage est l'œuf. Autant par le choix souvent unique dans les restaurants, que par les aubergistes qui m’apportent la production fraîchement sortie de leur poulailler. Il vient parfois avec une histoire, comme celle du tenancier du Barranco do fronte, un restaurant qui tombe à point nommé à Monte Novo. Avant lui, le restaurant était à sa mère. Il l’a développé en bed and breakfast. Il est amoureux de sa région. Les temps sont durs, les étrangers achètent des domaines, font monter les prix pendant que les locaux s’appauvrissent, mais il n’échangerait sa place pour rien au monde. Il aime la culture portugaise, sa façon de prendre le temps de vivre et de respirer. Comme ses poules, élevées en liberté, d’où le goût de la simplicité si riche de son omelette.
Résumée de ma randonnée:
Sagres-Vila do Bispo - 20,5 km - Sentier des pêcheurs
Vila do Bispo-Carrapateira - 16 km - Sentier des pêcheurs
Carrapateira-Arrifana - 20 km - Sentier des pêcheurs
Arrifana-Aljezur - 17,5 km - Chemin historique
Aljezur-Odeceixe - 22,5 km - Sentier des pêcheurs
Odeceixe-São Teotónio - 13 km - Chemin historique
São Teotónio-Odemira - 22 km - Chemin historique
Odemira-Sāo Luis - 25 km - Chemin historique
São Luís-Cercal do Alentejo - 21 km - Chemin historique
Cercal do Alentejo-Porto Cova - 16,5 km - Chemin historique
Cercal do Alentejo-Vale Seco - 23 km - Chemin historique
Vale Seco-Santiago de Sacem - 18 km - Chemin historique
Le sac est moins lourd, mais le kilométrage est probablement plus élevé lors de ma visite de Lisbonne. Le bus qui m’y amène fait défiler le paysage un peu trop vite et me dépose au miradouro Sao Pedro. J’aime déjà cette ville. Les façades sont belles, les trottoirs élégants, un relief aux très nombreux points de vue, et des boulangeries de pastéis de nata un peu partout. Il y a peu d’arbres, mais énormément de fleurs et de plantes aux balcons des appartements. Les trottoirs sont faits de pierres blanches (qui gardent la fraîcheur l’été) et noires (qui glissent beaucoup moins en cas de pluie) qui s’agencent en de beaux canevas parsemés de mousse végétale. Un tremblement de terre d’amplitude 8 en 1755 a transformé le visage de la ville, redessinée ensuite en partie par des francs maçons qui y ont caché une multitude de symboles. Le quartier Mouraria a miraculeusement été épargné par les ondes. Mais de lieu survivant, il est devenu désuet et pauvre à force de reconstructions modernes chez les autres. En 2010, l’artiste anglaise Camilla Watson a pris les habitants en photos, qu’elle a reproduites sur les façades de leurs immeubles, dans l’espoir de leur faire retrouver un attachement à leur quartier délabré bien que si beau.
Lisbonne est une des rares capitales européennes épargnée par les bombes des guerres mondiales, d’où son visage vintage principalement façonné de pierres et de marbres des carrières locales. Les façades en céramiques, plus coûteuses à la pose, demandent moins d’entretien que les autres matières (de l’époque où on aimait les choses qui durent). Les carreaux mats et en reliefs sont d’origine maure (du passé d’occupation musulmane du pays), alors que les lisses et colorés sont basques. Mon amour pour ces tuiles vire facilement à l'obsession dans cette ville. Il y en a partout dans l’architecture, dont une fresque sublime au miradoura Santa Luzia, mais on peut aussi s’en procurer des neuves dans la multitude de boutiques d’artisans, ou des anciennes chez des antiquaires ou des marchés aux puces comme au Feira da Ladra. Mais le point culminant de cette addiction est la visite du musée d’Azulejos. Ancien monastère, il possède encore des salles religieuses couvertes d’or volé au Brésil au 16ème siècle. Le musée retrace l’évolution des tuiles, leurs motifs, couleurs, symboles, c’est magnifique. Des morceaux, qui parfois ne paie pas de mines toutes seules, deviennent une entité impressionnante une fois assemblées à d’autres. Des murs entiers racontent des histoires, tels des puzzles 10000 pièces.
Ma connaissance du Porto se limite à un fond de verre que la mère d’une amie portugaise m’avait fait goûter quand j’étais adolescente. Je me rappelle avoir trouvé ça doux et prononcé en même temps. Maintenant, je l’associe au divin Pavilhão Chinês, un espace entre le salon de thé et un bootlegger, aux murs complets de vitrines exposant des objets en tous genres d’un collectionneur de babioles. Peu importe ce que c’est du moment que c’est joli. De tonalité chaude, ces années de chinage de tasses, poupées, coiffes, jouets et autres confèrent à l’endroit une aura de vieux cabaret où on pourrait s’allonger sur les beaux canapés pour se laisser envahir par de l’opium. Sauf que c’est dans la section Porto du menu que je m’attarde, pour en commander un de 20 ans d’âge. Du velours sur les papilles.
Dans la vieille ville, des appartements de rez-de chaussé sont ouvert directement sur la rue. À l’intérieur, une femme de l’âge d’or est assise entre la télé et une petite table avec des verres à shooter en plastique, ou au chocolat, et une bouteille de Griotte. Je prends celui au chocolat, c’est plus écologique. Et à plusieurs endroits, pour faire fonctionner l’économie locale.
À une heure de train, il y a Sintra, un ancien sanctuaire royal, qui a probablement inspiré Disney avec ses châteaux clinquants. La Quinta da Regaleira, par exemple, est un palais entouré d’un grand terrain agrémenté de fontaines, tours, sculptures et autres, décorés par une végétation qui ne connaît pas le gel. La promenade pourrait y être infinie, tant il y a de détails à observer. Cependant, la raison principale de tous les détenteurs de billets d’entrée est le puits initiatique. Cet entonnoir en spirales de 27 mètres qui s’enfonce dans la terre, symbole de l’utérus maternel, est une épreuve pour l’initié qui devra retrouver la lumière du jour par des grottes labyrinthiques aux murs suintant d’eau naturelle. La lumière zénithale accompagne la descente vers la renaissance. Des gardes s’assurent que l’on progresse dans le bon sens, vers les ténèbres. Il n’y aura pas de lâcheur ici. Plus on descend, plus il fait sombre et plus l’écho s’accentue. Les sons se mêlent tels une foule qui attend de rencontrer notre nouveau nous. On fait des photos à chaque palier, comme on le fait à chaque étape d’un lever de soleil, parce qu’on sent que la luminosité est complètement différente d’il y a 4 marches. Il doit y avoir beaucoup de chutes de téléphones chaque semaine. Le labyrinthe est presque trop éclairé. Là où nos aïeux devaient tâtonner leurs sorties, des lampes préviennent les extractions d’urgences de visiteurs maladroits.
Pour se rendre au palais de Pena, on m’indique une heure de marche. Il y a un système de bus, mais tsé, pourquoi faire simple. Des chauffeurs de taxis insistent sur l’heure pénible et inutile qui m’attend, SOIXANTE minutes, même deux heures pour toi! dit l’un d’eux en pointant une femme en rondeurs. Prise de karaté mentale. Je contourne le méchant monsieur et m’enfonce dans un parc. Je vois le palais, c’est tout droit. Ça monte encore et encore, jusqu’à un portail barré… Heureusement, il y a une sortie laissée sans surveillance un peu plus loin. Puis je longe un peu de route étroite à double sens sans trottoir, avant de trouver un chemin sur la gauche qui s’enfonce dans la forêt. Un beau chemin secret comme dans les livres, avec des murets, des entrées vers des mines, des rivières, et beaucoup, beaucoup de ronces. Il monte dur, mais semble se diriger vers le palais. La forêt s’arrête à un muret qui borde une route. La pente raide me fait apparaître subitement en arrière dudit muret, ce qui provoque l’effroi d’un chauffeur pour qui j’ai dû émerger du précipice sans crier gare. Je lui fais un thumb up. J’ai des micros branches dans les cheveux ébouriffés, mais tout va bien. Tout compte fait, ça m’a pris trente minutes de marche. Dans ta face chauffeur de taxi irrévérencieux.
Le domaine du palais de Pena est clairement moins prisé par les visiteurs que son intérieur, et pourtant, il permet de voir de très beaux points de vues sur l’océan, des serres, une étable, et des chemins bien agréables. Le palais, jaune et rouge comme un film en noir et blanc colorisé, n’enlève rien à l’enchantement.
C’est le sac plein de carreaux laqués, le ventre plein de pastéis de nata, le sang couleur porto et surtout, plein de nouvelles idées de décoration que je quitte ce beau bout de pays.